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Réveil Communiste

Un livre toujours neuf de Robert Linhardt : Lénine, les paysans, Taylor

12 Mai 2020 Publié dans #Théorie immédiate, #Publications, #Front historique

Couverture du bouquin de Linhardt

Couverture du bouquin de Linhardt

Note de lecture de Gilbert Rémond publiée en mars 2011 sur le blog de la section du PCF de Vénissieux
 

Histoire d’une trajectoire militante qui ne finira pas en reniements complaisants et tapageurs, Lénine, les paysans, Taylor ressort trente quatre ans après sa première publication (en 1976), avec cette mention de l’auteur : « L’URSS s’est effondrée, il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts de la Néva, mais le Tiers monde est toujours exploité par les pays impérialistes et, chez nous, la classe ouvrière se bat pied à pied pour défendre ses emplois, menacés par la mondialisation capitaliste... Les analyses contenues dans ce livre restent pertinentes à mes yeux. »

De quoi cet essai est-il le nom ? De celui d’une oeuvre inaugurée par Lénine, « d’une première victoire, pas encore définitive » dont il ne sait pas dans quel délai les prolétaires la feront aboutir quand importait pour lui que « la glace soit rompue », que « la voie soit ouverte et la route tracée » car « pour la première fois après l’écrasement de la Commune de Paris, une réponse concrète (était) apportée à la question posée depuis Marx » sur ce que pouvait être « la forme concrète de la prise du pouvoir par le prolétariat ». Dans des conditions exceptionnellement difficiles, une première percée durable était réalisée, où Lénine apportait une réponse radicale : la transformation physique du prolétariat révolutionnaire en appareil de pouvoir (armée, administration, police, propagande, etc). Dans les suites de la Première Guerre mondiale et de la crise profonde de l’impérialisme, une nouvelle façon de poser les questions fondamentales de l’organisation sociale, comme celles de la simple survie, s’imposait. Ce furent trois années d’une résistance acharnée, « contre quatorze États impérialistes alliés aux forces réactionnaires russes pour dépecer un pays exsangue. De ce corps à corps émerge une formation soviétique profondément marquée par les conditions mêmes de sa naissance, par l’épreuve de la guerre et de la famine ». Ces conditions extraordinairement pénibles constitueront, selon Robert Linhart, une limite a priori de l’histoire du socialisme soviétique. En effet, l’économie soviétique naitra avec pour tâche le devoir de régler les plus élémentaires questions de survie qu’un État se doit de résoudre pour son peuple : se nourrir, se chauffer, produire les objets indispensables à l’existence humaine, dans les conditions difficiles liées au cycle des travaux agraires, aux problèmes de transports, aux offensives du froid, à la recherche de combustible, à la résistance aux épidémies, etc. Toute la politique de Lénine tend à répondre à ces questions : comment se procurer du blé, du pain, du charbon, des convois, etc. Autant de sujets qui vont fournir les mots d’ordre de la Révolution : « Tout pour le ravitaillement ! », « Tout pour les récoltes ! », « Tout pour les transports ! ». Déterminé par ces exigences, le bolchévisme devient une idéologie en contradiction avec de nombreux aspects de la réalité.

Tout au long de son ouvrage, Robert Linhart propose une tentative « d’acupuncture théorique » (ce sont ses propres termes) où il s’agira d’exprimer les limites de la Révolution soviétique et de la pensée de Lénine, non pour refermer la brèche ouverte, comme se sont plu à le faire les nouveaux philosophes et les courants dominants « du gauchisme en décomposition, dont les offensives reprenaient celle de la bourgeoisie et des forces réactionnaires », mais pour l’élargir, s’engager plus avant dans la voie tracée par « la première dictature prolétarienne durable » (...) au « début d’une ère de soulèvements contre l’impérialisme et de guerres de libération nationale » (...), un moment historique considéré « par les peuples qui cherchaient leur voie dans la résistance à l’oppression coloniale (...) comme le premier coup décisif porté au système mondial de domination du capital. Premières lueurs de l’aube. »

L’analyse porte sur deux aspects essentiels de ce qui a contribué à créer la structure de l’Union soviétique : la politique agraire et la politique d’organisation du travail industriel. D’où ce titre : « Lénine, les paysans, Taylor ». Une telle réflexion annonce déjà les deux ouvrages qui vont suivre et grâce auxquels Robert Linhart va se faire mieux connaître : L’établi et Le sucre et la faim. Là, il rendra compte de sa fréquentation des univers ouvriers et paysans, dans un après-coup des grandes disputes soixantehuitardes et post soixante-huitardes, après qu’il sera « descendu de cheval pour cueillir les fleurs » que d’autres persistaient à vouloir voir dans les voltiges de l’abstraction et de leurs théories, considérées comme les ouvre-boites de l’universel.

Gilbert Rémond 

Rencontre avec Robert Linhart. Lecture de textes par Laurent Vercelletto Samedi 19 mars 2011– 15h Maison des Passages

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