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Réveil Communiste

Nicolas MARCHAND Intervention au Conseil National du 7 janvier 2011

11 Janvier 2011 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #CN du PCF

envoyé par NM

 

Tout est organisé pour entrainer les communistes à se rallier ou à se résigner en Juin à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. J'ai la conviction et même la certitude que pour un certain nombre de dirigeants du Parti ce choix est acquis.

Mais les communistes sont très nombreux à penser que ce serait une grave erreur de s'effacer, avec nos idées, pour celles portées par un candidat socialiste. Cela va bien au delà de celles et ceux, très divers, qui se sont exprimés par des appels. Ils ont les moyens de faire que les choses se passent autrement.

Oui, je dis bien « un candidat socialiste », je ne vois pas pourquoi ça suscite des protestations. Ce n'est pas une attaque, c'est un fait. Il était même revendiqué  en conclusion de la tribune d'un camarade du PG publiée par l'Huma le 6 janvier, comme argument de la candidature de JL Mélenchon:

« Pour parler au cœur de la gauche et notamment à l'électorat socialiste, la meilleure candidature n'est-elle pas celle de quelqu'un qui se revendique républicain et socialiste. »

C'est la vérité. Et une donnée politique du débat.

Mais les communistes ont tout de même le droit de se poser la question de savoir s'il n'y a pas mieux à faire pour un parti qui a la conviction d'être un parti d'avenir, porteur d'idées neuves, que d'être les promoteurs d'une 2eme candidature socialiste. Même si leur direction ne leur signale pas ce problème!

 

Si la direction, ou des dirigeants, pensent qu'on n'a pas d'autre choix que le ralliement à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, c'est leur devoir de le dire, d'informer les communistes de tous les éléments, et d'accepter le débat avec ceux qui pensent autrement.
Ce qui n'est pas acceptable, c'est un processus de fait accompli, consistant à chercher à placer peu à peu les communistes dans la situation de penser qu'il n'y a pas d'autre choix.

C'est de faire comme si on allait débattre entre plusieurs candidats alors qu'au sommet la décision est déjà prise.

Ce qui n'est pas acceptable, c'est la désinformation sur les enjeux politiques, alors que dans un tel débat, il faut donner aux communistes tous les éléments d'information, qu'ils soient positifs ou négatifs.

 

Jean-Luc Mélenchon a une stratégie; sa volonté d'être candidat pour le Front de gauche à l'élection présidentielle s'inscrit dans cette stratégie: il a quitté le PS pour constituer à gauche du PS un parti sur le modèle de Die Linke en Allemagne, un parti rassemblant des communistes, des socialistes, des gens de l'extrême-gauche.


Je rappelle qu'avant le 34eme congrès, notre participation à un tel processus a été envisagée à la direction, formulée dans un livre de Patrice Cohen-Seat, et qu'un calendrier vers un congrès « fondateur » avait même été adopté.


Les communistes ont bousculé tout cela et en ont décidé autrement.


J.L.Mélenchon a rappelé récemment sur son blog (billet du 24/12/2010) qu'il n'avait pas pour autant changé ses objectifs, tout au plus ajusté son plan de marche:


« notre visée historiqueest de construire une force politique nouvelle. Nous n'avons pas l'intention de faire « le congrès de Tours à l'envers » comme on le disait un temps. Au contraire ! Notre intention est de refaire le Congrès de Tours. C'est-à-dire de fonder une force politique de gauche nouvelle.... Mais cette construction n'est pas un préalable au rassemblement. Il peut parfaitement se faire avec une diversité de composantes autonomes et indépendantes. Le Front de gauche incarne ce choix intermédiaire. »


C'est clair: pour Jean-Luc Mélenchon, le Front de gauche est une étape intermédiaire vers le but: un nouveau Congrès de Tours pour la création d'un nouveau parti de gauche. A qui fera-t-on croire que sa candidature n'a rien à voir avec çà. Pourquoi la direction est-elle silencieuse sur ces faits? Pas seulement silencieuse d'ailleurs, car, dans ce cadre, il paraît qu'on se préparerait à céder à nouveau à la pression de J.L.Mélenchon pour des adhésions individuelles au Front de gauche: lui même écrit (dans le même billet du 24/12/2010) que « C'est Marie Georges Buffet elle-même qui avait annoncé notre proposition commune sur ce point, à la sortie de notre rencontre au sommet en mai dernier. Cette idée fut repoussée par les instances communistes. C'est donc partie remise. Nous en sommes toujours autant partisans. La question reviendra sans doute d'une façon ou d'une autre, un jour ou l'autre »


Mais céder sur l'adhésion individuelle, ce serait accepter de franchir un pas vers la transformation du Front de gauche en parti.

 

Tout cela constitue une affaire très sérieuse.


Il ne suffit pas de dire: les communistes ne veulent pas de cette fusion.


Et dire « il n'y a pas de risque », c'est, au minimum, irresponsable. D'ailleurs, regardez déjà ce qui se passe avec la promotion médiatique de Mélenchon: la machine à séduire et illusionner les communistes est déjà en marche.


Est-il raisonnable de penser qu'une année de campagne présidentielle, quel que soit l'habillage collectif, ne donnerait pas au candidat, avec des appuis au sein du Front de gauche, et aussi avec des appuis dans le Parti, des moyens nouveaux d'influence pour passer à l'étape suivante.


D'ailleurs, pourquoi les arguments qui auraient servi à justifier l'appui à sa candidature, concernant notamment une mauvaise image du PCF, et une image plus dynamique de J.L.Mélenchon, ne serviraient-ils pas ensuite à justifier un processus fusionnel?

 

On doit aussi informer les communistes sur nos différences et non pas les minorer, comme hier on minorait les différences dans les collectifs antilibéraux et avec José Bové. Nous avons des différences avec Jean-Luc Mélenchon; c'est normal. Mais il faut en parler et non les nier.


Des différences n'empêchent pas de s'unir. Mais ne pas en traiter, ne pas en faire l'affaire des gens, c'est faire de l'union un leurre voué à produire des déceptions et des tromperies.


Laisser croire que nos idées les plus radicales, comme sur l'argent, la transformation de l'euro et de la BCE, le crédit, l'emploi, les pouvoirs des salariés, seront portées dans la campagne quel que soit le candidat, dès lors qu'il y aura un « programme partagé », c'est tromper les communistes.


Jean-Luc Mélenchon est déjà en campagne sur  le « programme partagé »Il n'en parle pas au futur. Il le résume à  « la trame en cinq points que j'ai présenté en synthèse du premier débat de lancement du programme partagé à la Fête de l'Humanité ».


A  France Inter, cette semaine, il parle des « 5 points du programme du parti de gauche et du front de gauche, parce que le programme est assez largement partagé », et il renvoie à son livre, dans lequel l'essentiel serait déjà exposé.


Autrement dit, Jean-Luc Mélenchon mène déjà en notre nom une campagne sur les options du PG.

 

Ce n'est pas acceptable. Et agiter la peur de l'échec de 2007 n'est pas un bon argument pour justifier la capitulation et le défaitisme.


N'ayons pas peur de mettre en avant les atouts d'un candidat communiste pour représenter le front de gauche en 2012.


Et pourquoi, alors que le PG est en campagne pour la candidature de son président, n'aurions pas le droit d'appuyer un bon candidat issu de nos rangs?


Appuyons activement la candidature de notre camarade André Chassaigne.

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