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Réveil Communiste

Mon point de vue sur « Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du Capital » de P. Boccara par Jean-Claude Delaunay (3/3)

26 Février 2014 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Economie

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Mon point de vue sur « Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du Capital » de P. Boccara par Jean-Claude Delaunay (1/3)

et à la suite du début


Mon point de vue sur « Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du Capital » de P. Boccara par Jean-Claude Delaunay (2/3)

 

III Remarques personnelles

— III-1- J’ai déjà indiqué que, selon moi, l’ouvrage que vient de signer Boccara n’est pas entièrement au point pour ce qui concerne son écriture et la clarté de son propos. L’auteur fut impatient, manifestement, de le faire paraître. Son entourage n’a pas cherché ou n’a pas été en mesure de le dissuader d’effectuer cette publication de manière précipitée. Comme Boccara a tendance à ne pas se confondre avec son logarithme, et qu’il existe autour de lui un certain nombre de personnes qui lui accordent certainement une grande confiance a priori, il a foncé. Bon, c’est fait et personne n’en mourra.

Mais dans la mesure où chaque communiste est idéalement une personne s’efforçant de voir plus loin que son propre nombril lorsqu’il (ou elle) s’adresse aux propos personnalisés de tel ou telle ainsi qu’à l’ensemble des communistes de ce pays (et sans doute au-delà), il me paraît utile, sans agressivité quoique sans complaisance, de recommander à Boccara le perfectionnement de son ouvrage, voire même de rechercher cet objectif sans tarder, à l’occasion d’une prochaine édition. J’y décèle, pour l’instant, deux défauts formels majeurs, lesquels contribuent, selon moi, à l’obscurité que je regrette.

- III-11) Le premier est que c’est un livre qui en contient deux. Il contient d’une part un livre académique, ayant trait aux auteurs et à leurs théories. C’est le livre des étudiants, des professionnels de l’histoire des idées économiques et des personnes ayant le goût et le temps de l’étude. Il contient d’autre part un livre d’interprétations et de conclusions sur les crises. C’est le livre des militants. Boccara estime vraisemblablement que cette compréhension intime est indispensable à l’action révolutionnaire. Soit, je ne discute pas ce point. Mais l’auteur devrait, à mon avis, se convaincre de ce que la visée simultanée de ces deux publics, fussent-ils liés, est très compliquée à mener à bien. Je veux bien croire que ce n’est pas facile. Mais à un moment donné, il faut laisser de côté les projets pharaoniques et faire des choix : « Quelle est la cible ? ». En outre, si « les militants » sont une cible, pourquoi les priver d’une interprétation, fut-elle seulement esquissée, de la suraccumulation capitaliste aujourd’hui ? Le lecteur peut croire, à la lecture de cet ouvrage, que l’aujourd’hui théorique est, « chez les bourgeois », uniquement réduit aux thèses négationnistes des crises (théorie du cycle réel). A mon avis, sur ce point, une transition avec le livre annoncé aurait été nécessaire. Ce qui aurait été possible en développant l’aspect que je dis.

- III-12) Le second défaut majeur est, selon moi, que, dans ce livre, se chevauchent deux projets.

Le premier est de l’ordre de la solution d’un rébus policier. J’emploie une métaphore que Boccara lui-même utilise (p.161). Comment se fait-il que les théories des crises soient unilatérales et opposées, cela depuis 3 siècles ? Comment peut-on concevoir que les victimes aient été assassinées, à la fois « au grenier et au jardin » ? Tel Agatha Christie perchée sur un balai magique, Boccara chevauche les théories de la crise et les analyse, les classe, jusqu’à leur mettre une étiquette avant de les ranger dans leur case mortuaire. Or, il faut bien le reconnaître, rien n’est plus chiant qu’un roman d’Agatha Christie.

Le second objectif est de l’ordre de la compréhension militante. Au-delà de l’investigation pointilleuse de type romanesque et policière, serait visée une enquête militante approfondie sur la régulation capitaliste [16]. Bien comprendre les catastrophes induites par la régulation capitaliste serait un moyen efficace pour déduire les traits d’un système de régulation économique conforme aux aspirations populaires. Ce chevauchement mal maîtrisé de finalités distinctes, fussent-elles liées, contribue, selon moi, à plonger ce livre dans l’obscurité. Là encore, il faut choisir : « Quel est le projet ? ».

— III-2- Je vais maintenant questionner sur le fond. Puisque Boccara a le dessein de nous offrir un autre livre l’année prochaine, ce qu’il fera j’en suis sûr, peut-être en profitera-t-il pour prendre en compte les interrogations ou remarques qui suivent. Voici 7 questions ou remarques, que j’énumère seulement, sans ordre et sans les développer. Car mon compte-rendu est sans doute déjà beaucoup trop long. Elles pourront être explicitées et argumentées en d’autres temps.

- III-21) S’il est vrai que s’est produite, avec le CME, une inversion du processus de fonctionnement de la régulation (cf. 1-36), que pourrait-on retenir de ce mode de régulation pour penser la régulation future ?

- III-22) Pourquoi Boccara n’a-t-il pas terminé ce premier ouvrage par une esquisse suffisante (même si l’étude approfondie en est reportée au prochain volume) des formes contemporaines de la suraccumulation capitaliste ? Comme je l’ai mentionné supra, tout savoir sur Smith et Ricardo, c’est bien. Mais approfondir sa connaissance de la suraccumulation aujourd’hui, fût-ce avec des étapes, n’est-ce pas encore mieux ? Ce qui revient à considérer que la « régulation systémique » actuelle, globalement considérée, pourrait être analysée à l’aide de deux sous-parties, une sous-partie de nature « moyenne période » et une sous-partie de nature proprement « systémique ».

- III-23) Derrière une formation sociale, ou derrière un système de régulation, existent des rapports de classes. On peut aisément déduire des connaissances acquises par ailleurs, la sociologie inhérente à la régulation capitaliste. Mais quelle pourrait-être la sociologie inhérente à la régulation souhaitée pour le proche avenir ?

- III-24) J’ai eu le sentiment, en lisant ce livre, que la régulation occupait, pour son auteur, une place particulière dans le fonctionnement des systèmes économiques et sociaux. Et puisqu’un système économique est composé, selon Boccara, de rapports sociaux, de techniques et d’un mode de régulation, quel est, parmi ces trois composants, l’élément décisif de la transformation sociale ? Je sais bien que l’on peut botter en touche et répondre : « Les trois, mon Général ».

Mais Boccara, qui est partisan de la lutte au sein de l’Union européenne pour en effectuer la transformation démocratique, ne recommande-t-il pas aujourd’hui une politique de taux d’intérêt de la BCE comme élément fondamental de cette transformation ? N’est-il pas incité, surtout avec son concept mondialiste de révolution informationnelle, à privilégier la transformation des modes de régulation sur celle des structures sociales pour réaliser la transformation révolutionnaire souhaitée ? Je n’engage pas de procès d’intention à l’égard de Boccara, qui évoque, à un moment donné de sa conclusion, le terme de nationalisation. Il prend donc en considération un certain nombre de réformes structurelles nécessaires.

Je me demande après lecture de son récent ouvrage, si le rôle de la régulation dans la transformation révolutionnaire du système capitaliste ne mériterait pas un traitement explicite, d’abord en distinguant la régulation des autres composantes du système (pour en évaluer le rôle respectif), ensuite en distinguant l’espace national et l’espace mondial de la régulation (pour en évaluer l’efficacité relative).

Je me demande finalement si Boccara, séduit par son objet, la régulation, ne lui accorde pas plus d’importance, dans la transformation révolutionnaire, qu’aux rapports sociaux de production ? Peut-être est-il conduit à cette conclusion s’il estime que l’espace mondial est aujourd’hui déterminant de l’espace national, en sorte que les transformations proprement structurelles externes, impossibles à réaliser à partir de l’espace national, devraient être compensées par des transformations liées à la régulation ?

- III-25) Quel est, d’ailleurs, le cadre territorial dans lequel Boccara pense la régulation à venir ? Son ouvrage ne fait pas mention de cette dimension de l’activité économique, qui est pourtant primordiale. Je n’en suis pas surpris. Les économistes, marxistes compris, raisonnent souvent « hors-sol ». Les économistes sont les théoriciens du « Noland » [17]. Les théories examinées par Boccara se déroulent, on peut l’admettre, dans le contexte de marchés nationaux. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Comme chacun le sait, le rôle économique des nations (de certaines nations) est radicalement mis en cause et un certain nombre de communistes suivent, à tort selon moi, cette orientation [18]. La mondialisation capitaliste et l’idéologie qui l’accompagne, encouragent à suivre cette voie.

D’autres communistes considèrent néanmoins que le cadre de l’Union européenne est un carcan dont il faut sortir. Envisager de le transformer est illusoire, disent-ils. Ces communistes estiment donc, contrairement à l’actuelle direction du PCF, que la nation est le cadre territorial, pour l’instant adéquat, nécessaire et prioritaire, de l’action économique, politique, syndicale, même si le reste du monde doit être aussi, pour chaque nation, le lieu d’établissement de relations nouvelles avec les autres nations.

Ces autres personnes sont donc favorables, selon moi, à une régulation duale bien dessinée :

  • 1) une régulation nationale, centrale, prenant appui sur des changements structurels majeurs (nationalisation des grands moyens de production, de commercialisation et de financement, pour commencer),
  • 2) une régulation zonale et mondiale, active certes, mais dérivée, prenant appui sur des alliances et des coopérations internationales, mais également sur des régulateurs et des institutions adaptés à ces territoires.

Comment intégrer cette remarque dans un raisonnement d’ensemble ?

- III-26) Boccara envisage que les forces révolutionnaires puissent, sur longue période, tordre le cou au capitalisme en intervenant sur les 4 marchés suivants : produits (biens et services), force de travail, financement, marché international. Je ne comprends pas cette typologie. Les marchés des produits, du travail et du financement sont définis par un contenu. Le marché mondial est défini par une étendue. Cela n’est pas homogène. Indépendamment du fait de savoir s’il convient ou non d’agir ainsi, l’expression correcte ne serait-elle pas qu’il faudrait intervenir aujourd’hui sur les trois marchés suivants : le marché mondialisé des produits, le marché mondialisé du travail et le marché mondialisé du financement ?

- III-26) Le dernier point que j’évoque est, pour moi, compliqué à exprimer. En voici l’essentiel de l’essentiel. Derrière l’ouvrage dont je rends compte, et que je considère comme le résultat d’un très gros et généreux travail, quelles que soient les critiques que je viens de formuler, se trouve la théorie de la révolution informationnelle. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, cette théorie est, selon moi, « non satisfaisante » [19]. C’est une théorie que j’ai le regret de croire très faible, d’orientation technicienne et mondialiste. C’est une théorie ayant acquis « une position de pouvoir » au sein des instances communistes dirigeantes en quête de légitimité, mais qui ne dispose pas « d’une position de rationalité ».

Il faut attendre le prochain livre, me souffle une voix que j’identifie à celle de la sagesse. Soit, je vais attendre. Mais je me dis aussi que si le livre actuel, dont j’apprécie l’intention et l’élan, sert à faire passer le livre annoncé pour demain, livre dont je doute fort de l’intérêt théorique et politique parce que j’en connais les thèses principales, je me dis qu’alors, « il y aurait eu de la triche ».

Jean-Claude Delaunay, février 2014

A propos de l’ouvrage de P. Boccara, « Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du Capital » aux éditions Delga, 30 €.

 

[1] Éditions sociales (Paris), février 1971

[2] Cf. par exemple le texte d’une communication prononcée devant l’Association Française d’Economie Politique (1er Congrès), parue dans Économie et Politique, n°676-677, Novembre-décembre 2010, p.43-46, et Économie et Politique, Janvier-février 2011, n°678-679, p.44-46 (version abrégée).

[3] D’où sa problématique du « dépassement de Marx ». Cf. par exemple, P. Boccara « Le Capital de Marx, son apport, son dépassement, au-delà de l’économie », Conférence du 13 novembre 2012, Espaces Marx, Présentation de son ouvrage de 2012 (même titre que celui de la dite conférence) paru dans « La Petite collection rouge » (2012), collection diffusée par E. et P. Le texte de cette conférence a été publié dans Économie et Politique, n° 702-703, Janvier-Février 2013, p.38-41.

[4] Les Éditions sociales avaient entrepris la publication des « Théories sur la plus-value, (Livre IV du Capital) » à partir de 1974 (Cf. l’avant-propos de Gilbert Badia, qui en dirigea la traduction). Auparavant, ce manuscrit était accessible en français sous la forme que lui avait donnée Kautsky (Éditions Costes, traduction de J. Molitor, 1928 et années suivantes).

[5] Cf. par exemple, de P. Boccara, « Une radicalisation illusoire. La vraie radicalité : construire un autre monde de partages », (Économie et Politique , n°688-689, Novembre-décembre 2011, p.23).

[6] La Fondation Gabriel Péri accueille cette année (2014) un séminaire, dirigé par Boccara, sur « Les théories des crises depuis trois siècles. Les enjeux idéologiques et scientifiques des diverses théories ». Celles et ceux qui auraient de la difficulté à lire l’ouvrage dont je rends compte peuvent se rendre à ce séminaire, qui a déjà commencé (Cf. documentation sur le site de la FGP).

[7] Marx utilisait déjà le concept de suraccumulation. Cf. Le Capital, édition en Livre de poche (1976) par les Éditions sociales, Livre III, p. 245.

[8] Boccara parle aujourd’hui de "Capitalisme monopoliste d’État social" et non de "Capitalisme monopoliste d’État", en empruntant au philosophe allemand Habermas la notion d’Etat social.

[9] En réalité, plutôt que le concept de structure, Boccara aime utiliser celui de système. Un système social serait, selon lui, défini par les trois éléments suivants : les rapports sociaux, la technologie et le mode de régulation. D’où sa notion de « crise systémique » et non de « crise structurelle ». Je ne vais pas entrer dans une discussion sur ce point. Mais, à mon avis, 1) la science moderne se définit comme telle parce qu’elle est centrée sur le concept de structure, 2) Marx fut, d’une certaine manière, le premier des structuralistes. C’est ce que disait Lucien Sève autrefois et je ne sais pas s’il a changé d’avis sur ce point. 3) Boccara reproche aux structuralistes de n’être pas dialecticiens. Ma conviction est qu’on ne peut pas confondre tous les structuralistes entre eux, qu’il s’agisse de Ferdinand de Saussure, de Claude Levi-Strauss, de Michel Foucault, de Louis Althusser, ou d’autres. Car on peut très bien avoir une compréhension dialectique du mouvement de la structure tout comme on peut en avoir une approche figée et non dialectique. 4) Mon expérience est qu’Althusser, quelles qu’aient été ses limites, a fait, dans les années 1960, progresser l’approfondissement de la connaissance et de la pratique du marxisme à un moment où le marxisme fonctionnait, au sein du Parti communiste français et sous l’influence de philosophes tels que Roger Garaudy ou Georges Besse, comme une sorte de « gargouillis merdeux ». 5) De manière générale, l’usage du concept de structure reflète une exigence d’analyse et de précision, que personnellement j’apprécie. 6) Ce qui ne m’empêche pas d’utiliser le concept de système (le concept de « système technique », par exemple illustré par les travaux de Bertrand Gilles), qui fait partie, lui aussi, du bagage scientifique. Mais sans jeter l’anathème sur l’usage du concept de structure, que je tends à privilégier au contraire dans la mesure où je déteste « le gargouillis merdeux ».

[10] Boccara définit la régulation à l’aide des trois éléments suivants : règles, régulateurs, réglages (p.532). Dans le système capitaliste, les règles sont celles du marché (p.534), les régulateurs sont essentiellement le taux de profit et le taux d’intérêt (p.534). Je pense que Boccara a omis le taux de salaire dans sa liste des régulateurs. Il en fait d’ailleurs mention quand il étudie les théories des crises chez les classiques (référence au taux de salaire naturel). C’est donc un oubli de sa part, ou une mauvaise lecture de la mienne. Quant aux modalités de réglage, il cite principalement les « réglages des gestions et politiques économiques de type capitaliste » (p.537). Ce dernier point me paraît un peu court. Que dire, par exemple, du réglage juridique et du droit du travail, en y faisant allusion ne serait-ce que d’un mot ? Pourquoi ne pas indiquer, là encore en quelques mots, que la régulation suppose des institutions adéquates. En effet, derrière les institutions, se tient le problème de leur démocratisation ? Etc… Je n’ai pas cherché, dans ses autres écrits, et pour rédiger ce compte-rendu, comment Boccara avait défini la régulation capitaliste. Mais je trouve que, concernant la conclusion d’un ouvrage voulant ouvrir sur un autre mode de régulation, l’écriture de l’approche de la régulation avait été un peu bâclée. Plus l’approche est courte et plus elle doit être soignée. Mais Boccara se rattrapera certainement sur ce point en 2015.

[11] « Table ronde sur les cinquante ans d’Économie et Politique. Des moments marquants de son histoire… aux défis du présent et de l’avenir », Économie et Politique, n°602-603, Septembre-Octobre 2004, p. 34-47.

[12] Je pense que Boccara a voulu écrire : « de chocs exogènes et incertains », l’incertitude étant différente de l’aléatoire.

[13] Gillman Joseph M., La baisse du taux de profit, Dennis Dobson, Londres, 1958, traduction française de Maurice Andreu, EDI, Paris, 1980. Je cite cet auteur pour l’avoir longuement utilisé dans Salariat et plus-value depuis la fin du XIXe siècle, Presses de la Fondation Nationale des Sciences politiques, Paris, 1984.

[14] Cet exposé se trouve dans le tome 1 (leçons 9 et suivantes, p. 251 et sq.) du Nouveau cours d’économie politique (1979), Editions Cujas, Paris.

[15] Par exemple : « Mais malgré cela…, il (Hilferding, JCD) ne réussit pas à relier, de façon non éclectique mais organique, les différents éléments -qui demeurent largement unilatéraux ou juxtaposés- de sa construction, en un procès théorique dialectique rendant compte du processus d’ensemble de la réalité de la suraccumulation » (p.396).

[16] Ce point, qui m’est apparu clairement au fil de la lecture, est confirmé dans la conclusion : « Le bilan des théories fondamentales, etc… permet d’aboutir à deux ensembles de résultats. Il s’agit, d’une part, des traits caractéristiques concernant les analyses des réalités en question. Il s’agit, d’autre part, des suggestions pour définir les conditions et les modalités d’un dépassement des processus, etc… Ainsi pourraient être esquissés de premiers grands traits éventuels d’une autre régulation systémique… » (p.532).

[17] Je ne suis pas un admirateur inconditionnel de David Harvey, loin de là. Mais cet auteur présente au moins le mérite suivant. C’est un géographe de formation et il a le sens de l’espace. Pour lui, il faut spatialiser le marxisme. Je partage cette opinion. Un autre économiste, François Perroux, tout en appartenant à une ambiance théorique très différente du marxisme, développait sur ce point des vues semblables, notamment avec son concept « d’économie appliquée ».

[18] Cf. par exemple L’Humanité du 20 janvier 2014, p.23 (Compte-rendu par Stéphane Sirot, du livre de Martelli, La bataille des mondes, Pour la démondialisation, tapez 1, pour la mondialité, tapez 2), où l’on repère les notions de Cité-monde, de mondialité du bien commun (expression reprise d’Edouard Glissant). Ces discours strictement idéologiques ne coûtent pas cher à élaborer et ne sont, à mon avis, que d’infâmes baratins. Curieusement, ils confèrent à celles et ceux qui les énoncent le label d’une pensée située à la pointe de la modernité.

[19] Ma réflexion à ce propos, s’est approfondie et, je le crois, consolidée. Je suis passé d’un texte paru sur le site « Communisme du 21ème siècle » en 2009, à deux textes publiés par la Fondation Gabriel Péri, à savoir : 1) La révolution de notre temps, (note de la Fondation GP, Janvier 2012), 2) La Chine, La France, La France, la Chine (note de la Fondation GP, mars 2012), en particulier la distinction nettement opérée entre « production matérielle » et « production non matérielle ». Plus récemment, j’ai repris ma réflexion sur ces deux types de production dans un texte paru en plusieurs livraisons sur le site « Faire vivre le PCF » ainsi que sur le site « Réveil communiste ». Ce texte a pour contenu l’analyse critique de la mondialisation capitaliste et accessoirement de ce qu’il est convenu d’appeler « la pensée de Pascal Lamy ».

 

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