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Réveil Communiste

Bigeard, honte de la france, suite

7 Octobre 2010 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique

Décès de Bigeard, réactionsrecueillies par les communistes de Béziers

 

 

La disparition du général Bigeard m’a valu deux courriels, l’un de Bernard Deschamps, président d’honneur de France Al Djazaïr, l’autre de Gilbert Argelès, ancien vice-président national de la FNACA et fondateur de cette Fédération d’anciens combattants dans l’Isère.


Voici ce qu’écrit le premier :


« Le général Bigeard est mort. Alors que les plus hautes autorité de l’Etat français lui rendent hommage, ma pensée va vers nos amis d’Alger : Henri, horriblement torturé… A ceux de la Casbah : Abdelkader, Annie, Félix, Mahmoud, Tahar, Zoheir qui ne peuvent oublier le bourreau, le tortionnaire, le sinistre inventeur des « crevettes Bigeard » dont les cadavres échouaient sur les plages de l’Algérois. Je pense à Larbi Ben M’Hidi, le chef prestigieux, pendu en détention. Je pense à Ali La Pointe, à Hassiba, à Mahmoud et à Petit Omar dynamités dans leur refuge pendant la Bataille d’Alger en 1957. Je pense à Ali, à Cherif, à Rachid, et à Maurice Audin et aux milliers de disparus qui luttaient pour l’Indépendance de leur pays…


Les couronnes tressées à la gloire du tortionnaire qui, contrairement à Massu, ne regretta jamais ses actes, ne servent pas l’amitié entre la France et l’Algérie. Elles s’inscrivent dans le droit fil de la loi – toujours pas abrogée – du 23 février 2005 qui exalte le colonialisme français.


Quand donc les gouvernants de notre pays prendront-ils conscience que l’avenir de relations amicales et durables entre nos deux peuples passe par la reconnaissance par la France des crimes commis en son nom ?

 

Bernard DESCHAMPS »


Et ce qu’écrit le second :


« Chaque jour voit son cortège de deuils chez les Anciens Combattants en Algérie. Il suffit de lire les avis de décès dans la presse régionale. La FNACA en fait particulièrement état dans ses pages départementales.

Sans pouvoir en apporter totalement la preuve, il m’apparaît que les Anciens Combattants en Algérie meurent relativement jeunes.. Mais cela pourrait bien être l’une des conséquences des meurtrissures physiques et psychiques connues pendant et après la Guerre.

(Voir à ce sujet le site http://www.mediapart.fr/club/edition/les-sequelles-inconnues-de-la-guerre-dalgerie


Le Général Bigeard avait, lui, 94 ans… et le N° de septembre de « L’Ancien d’Algérie » lui rend un hommage qui se veut vibrant.

En utilisant les termes d’ « emblématique », « promoteur novateur d’opérations héliportées », la F.N.A.C.A. en fait l’un des personnages importants parmi ses adhérents… Le journal publie même sa photo lors de sa présence au Conseil National de la FNACA à Nancy où « il avait reçu un accueil particulièrement chaleureux de ses anciens soldats en Algérie ».


Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui fut le fondateur et le premier Président de la F.N.A.A. (avant de devenir FNACA) doit en frémir dans sa tombe. Lui qui, en tant que lieutenant appelé d’une part et en tant que Directeur du Journal  L’Express dénonça avec vigueur et ténacité les exactions et les tortures en Algérie au point que son journal (qui a bien changé depuis !) fut souvent censuré, voir saisi avant sa parution.


Ce qui a l’air de plaire au rédacteur de cette chronique nécrologique démesurée, c’est que le militaire Bigeard avait la capacité, en tant que meneur d’hommes, d’incruster dans la peau des soldats qu’il dirigeait, ses valeurs de l’esprit militaire…


Certes, chacun est libre d’avoir eu et de conserver aujourd’hui encore ce « bel » esprit militaire que l’on essaya de nous inculquer au cours des nombreuses séances d’ action psychologique durant nos classes, puis de nous les faire appliquer durant nos 28 ou 30 mois d’activités militaires…Pour ma part, j’ai plus l’impression d’avoir toujours entendu crier « la quille, bordel » de la part des jeunes appelés et rappelés du contingent ayant surtout hâte de rentrer chez eux, vivants et de vite tenter d’oublier les horreurs quotidiennes de leur vie militaire ! Je ne cache pas que je fus de ceux-là.


Et donc, je m’élève avec force contre cet article de la FNACA (dont je suis encore membre) qui vise à faire passer pour une grande figure française celui qui servit sous les ordres du Général Massu durant la bataille d’Alger et qui fut décrit par son compère le Général Aussaresses (lire http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1589)comme ayant aussi pratiqué la torture et les exécutions sommaires pour tenter de briser le F.L.N.


N’oublions pas, non plus, son rôle obscur durant le « disparition » de De Gaulle en mai 1968, quand on nous laissait croire que les « paras » seraient déjà aux portes de Paris !


Pour moi, le Général BIGEARD fut d’abord, comme on peut le lire sur Wikipédia, « une grande gueule défendant l’esprit militaire » qui fut celui de sa caste dont je ne suis pas, pas plus que la majorité des appelés et rappelés, j’en suis certain.. Pas de quoi donc partager la larme d’adieu du chroniqueur de la FNACA, laquelle semble, à travers cet article en particulier, mais aussi quelques autres, sombrer, de plus en plus, dans une espèce d’apologie de l’armée, dans une douce nostalgie de cette période, avec ses héros, au même titre que les Lyautey et autres Bournazel, autres figures bien connues d’une guerre coloniale qui nous fut imposée.

Gilbert ARGELES

Adhérent à la FNACA-38


Je n’ai pas lu l’article dithyrambique sur Bigeard du chroniqueur de L’Ancien d’Algérie, l’organe de la FNACA, mais j’imagine qu’il est à l’image de la dérive de cette fédération d’anciens combattants que j’avais déjà notée en 2001 quand est apparue sur la scène publique la réalité de la torture pratiquée par l’armée française pendant la guerre d’Algérie.

Il me semble que l’organisation devrait clairement dénoncer ce qu’était cette guerre, une guerre coloniale ainsi que le rôle qu’on a fait jouer aux appelés du contingent dans cette affaire.

Devant ces carences en la matière je me suis refusé d’y adhérer quand la question s’est posée pour moi.

 

Jacques Cros

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