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Réveil Communiste

André Gerin : interdire les licenciements

23 Mars 2009 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Luttes 2008-2011

Mot d'accueil à l'occasion du meeting du POI à Vénissieux

Dimanche 22 mars 2009 à 14h30



Interdire les licenciements. Tel est votre mot d'ordre phare.


Je le partage. Il ne s'agit pas simplement d'un mot d'ordre pour préserver l'emploi et donc les conditions de vie des salariés mais bien d'un mot d'ordre qui met radicalement en cause le capitalisme et porte en lui l'exigence d'un autre mode de production. L'exigence d'une révolution conduisant à une république sociale, au socialisme. Chacun selon ses mots.


Il y a une trentaine d'années, le capitalisme est entré dans une nouvelle phase de son développement que l'on appelle communément le capitalisme financier. Cette nouvelle phase, bien loin d'invalider la théorie de Marx, en confirme tout le bien fondé. La baisse tendancielle du taux de profit, contrecarrée par les processus financiers ces dernières décennies, rattrape le capitalisme et le plonge dans une crise sans précédent historique.


Asphyxié par sa propre boulimie, le capitalisme détruit aujourd'hui massivement les forces productives entraînant une flambée du chômage sur fond de crise sociale, mais aussi crise politique, morale et culturelle. Il y a dans la société un double mouvement : prise de conscience dans la colère et la révolte, mais aussi pourrissement, notamment dans les quartiers, avec les agissements fascisant de groupes mafieux et intégristes qui prospèrent sur la misère et le désarroi des populations.


Nous sommes dans un chaudron. La température monte. Impossible de prévoir quand la société va atteindre l'ébullition. Impossible également de savoir dans quel sens l'explosion va se produire. Le pire hélas peut côtoyer le meilleur.


Notre responsabilité de révolutionnaires, quelles que soient nos organisations, c'est d'essayer de donner un cap, de tracer une perspective audible et crédible pour le peuple.


Il n'est pas question pour moi de vous présenter un programme révolutionnaire mais, partant de votre mot d'ordre premier, de réfléchir à quelques pistes politiques que nous pourrions emprunter ensemble.


Interdire les licenciements, c'est poser la question de la production : pourquoi, comment. Autant nous contestons la société de consommation qui exacerbe les individualismes et soumet les individus pieds et poings liés au capitalisme, autant nous récusons les thèses vantant la croissance zéro, voire le retour à une société minimaliste dont rêvent certains idéalistes... qui généralement disposent de tout le confort moderne.


Il faut assumer le fait que nous avons besoin de produire des biens et des richesses pour répondre aux besoins des hommes. Ce n'est pas parce que ces besoins sont historiquement déterminés qu'il ne faut pas y répondre. Beaucoup d'hypocrisie se dissimule derrière l'idéologie qui prétend contester la notion de besoin.


Je veux de ce point de vue me limiter à deux exemples à partir desquels il me semble possible de concevoir une nouvelle architecture économique et politique à l'échelle de la France et du monde.


Primo : C'est l'idéologie du capitalisme financier qui laisse entendre que notre pays ne pourrait plus jouer aucun rôle au niveau de la production mondiale en raison d'un coût du travail élevé. En réalité notre pays dispose de nombreux savoir-faire et atouts dans des domaines industriels d'avenir : produire propre, produire de la qualité, sans risque, en économisant au mieux les matières premières. Ce ne sont ni les Chinois, ni les Indiens, ni les Brésiliens qui peuvent se concentrer sur ces questions car ils ont d'abord à répondre aux besoins de leurs populations. En revanche, dans le cadre de coopérations internationales fondées sur l'intérêt réciproque, nous pouvons largement contribuer au développement du monde. Oui, je crois que l'industrie française, une industrie bien orientée et soutenue nationalement, peut avoir toute sa place pour la France et dans le monde, donner du travail à tous.


Deusio : Notre planète est confrontée à des déséquilibres qui donnent le vertige. Vivent à quelques heures d'avion, à une fraction de seconde d'Internet, des milliardaires comme Bill Gates qui gagnent des millions de fois trop d'argent pour vivre et des millions d'enfants qui meurent de faim. Des tableaux de maîtres s'échangent à coup de millions de dollars tandis que des millions d'enfants n'ont même pas de crayons pour dessiner. Soyons clairs : relever les défis de l'inégalité qui rongent la Terre, les défis de la faim, de la santé, exigent la mise sur pied d'un nouveau mode de production reposant sur la mise en commun des ressources essentielles, la mise en commun de l'essentiel des moyens de production et en tout premier lieu de l'argent. Pour notre pays cela signifie : nationalisation, afin que notre nation puisse jouer pleinement son rôle à la fois pour ses habitants et à la face du monde.


J'ai déposé un projet de loi contre les délocalisations et pour les relocalisations. Je vais déposer un projet de loi contre les licenciements, qui prendra aussi la forme d'une pétition.


Au risque de surprendre, je suis pour la mondialisation. Ce n'est pas parce que c'est le capitalisme qui la met en oeuvre, aujourd'hui, qu'il faut renoncer au célèbre mot d'ordre du Manifeste de 1848 : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » A mon sens la mondialisation bien comprise doit reposer sur des coopérations fructueuses entre les nations. L'ONU, l'Organisation des Nations Unies, est née sur les décombres de la deuxième guerre mondiale. Sa vocation n'est pas intrinsèquement capitaliste, ce qui n'est pas le cas de l'Union européenne qui s'est constituée comme un bloc impérialiste, conçue pour défendre les intérêts du capital et qui doit donc être déconstruite.


Nous avons1000 raisons de nous unir et de nous rassembler car la vie devient inhumaine, invivable pour des millions de gens.


Nous avons 1000 raisons de nous révolter, de résister. Les hommes ne sont pas condamnés à une existence insignifiante, à être traités comme des paquets jetables.



Après le 29 janvier, le 19 mars, le mouvement en Guadeloupe, et si, en 2009 commençait à germer un nouveau mouvement digne du mouvement ouvrier du 19ème siècle et de 1936, de la Résistance, de la reconstruction, de mai et juin 1968, des luttes anticoloniales. Un mouvement populaire majoritaire qui soit l'expression authentique des aspirations du peuple, de ces millions de petites gens qui attendent des fins de mois qui n'arrivent pas et qui n'appartiendront jamais au cercle distingué des élites mondialisées. Un mouvement populaire qui rassemble aussi ces intellectuels qui refusent l'écrasement de la culture, ceux qui veulent défendre la souveraineté nationale, une large part des classes moyennes, laborieuses, industrieuses.


C'est un front de lutte qu'il faut construire, sans a priori. Pas un front électoraliste ou un cartel de gauche à l'eau tiède.


Les périls sont immenses car le colosse blessé s'ébroue en tout sens. Mais à mon sens, du chaos qu'il engendre une idée simple émerge avec une force inégalée : l'humanité a besoin de mise en commun, de communisme.

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A
Je précise que ce discours (que j'approuve à 90%: j'ai une grosse réserve sur ce qu'il dit de l'ONU) a été prononcé au metting du POI dans le cadre de la "campagne nationale engagée pour une marche unie contre les licenciements".
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