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Réveil Communiste

Réponse à GQ: matérialisme historique, intello spécifique ou organique

31 Juillet 2008 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Théorie immédiate

Publié le 9 décembre 2007 par Olivier Imbert

A propos du compte rendu fait par Gilles Questiaux de Rancière qu'on peut lire ici , les Noms de l'histoire et en même temps un petit mot et hommage, en dispute, avec Noiriel à propos de Sur la crise de l'histoire , son travail sur l'histoire de l'historiographie.

 

lien pertinent : à la recherche de l'histoire marxiste


1) A propos de Rancière, et de l'arrière plan en histoire des idées marxistes ou de gauche. 


Le travail que tu fais, dans sa dimension la plus théorico-philosophique à propos de la réflexion de Rancière rejoint sur certains points celui que Gil Ben Aych fait dans son journal philosophique,
Au jour le jour  tome 3 et dans lequel il donne à Rancière la position de nominaliste, ce que je partage et d'ailleurs que Rancière ne rejetterai pas, et Ben Aych en vient à l'idée qu'au fond définitivement Marx aurait réglé dans sa lettre correctement lue et sa connaissance marxiste constatée et répétée par un aréopage ou un panthéon personnel, l'aspect objectif des concepts tels que celui de "prolétariat" ou encore tels que ceux,  encore plus objectifs et indifférents au procès de subjectivation ou de politisation, de "plus-value" et de" mode de production" ou de "forces productives" et "rapports de production "que son ami Linhart étudie à l'Université Paris Huit aussi avec constance et fidélité à la lettre de la théorie de l'exploitation, au moins lui depuis la dissolution de la gauche prolétarienne et le virage à droite du Parti Communiste Chinois.


Je partage avec toi l'agacement philosophique devant tout ce relativisme dû à l'analyse du langage par les anglo-saxon et ce que Ferry et Renaut appellent aussi le linguistic turn dans la relation du post-kantisme à la philosophie anglo-saxonne; avec en retour la pseudo-unité des rationalistes avec l'aspect "rasoir d'Occam" porté en France par Bouveresse et son austro-marxisme poppérien. Jusqu'à la valorisation en miroir ou la pub réciproque que se font ces revenus de tous les cultes : de la désignation des impostures intellectuelles de l'intelligentia altermondialiste de Paris Huit et son culte de l'immigré rédempteur, jusqu'à la nécessité de participer aux responsabilités sociétales et donc à un matérialisme rationnel soft et réformiste.


2) Interroger les prolétaires et les profesionnels, plutôt que les prétendus-tyrans cocos (Lénine, Staline, Mao, Thorez, Waldeck, Marchais etc...)


Mais, les meilleurs d'entre eux, ceux que Noiriel interroge et réfléchit sous le nom de "professionels", et c'est le cas de Rancière et encore plus du remarquable travail de Noiriel à la fois en histoire du mouvement ouvrier (depuis qu'il a abandonné Radio Lorraine Coeur d'Acier, Longwy 1979) et en historiographie me conduirait plutôt à les intégrer dans cette science historique (ou de l'histoire) que je crois être le marxisme - Althusser dit qu'il s'agit de la définition du matérialisme historique par Marx - comme contributeurs essentiels et féconds; car, je crois que le singulier n'est pas réductible en histoire à l'apport d'un grand homme ou d'un grand intellectuel fût-il Lénine souffrant dans sa chair mille mort etc, thèse soutenu par Althusser, mais le travail d'un intellectuel collectif au sens même où des adversaires tels Levi-Strauss ou Lacan (par moments en tous cas adversaire le fût le deuxième, et le premier plutôt tranquillement bourgeois, mais pas toujours et en tout cas pas sur tous les dossiers ou toutes les archives à classer) nous apportent des contributions à la science de l'histoire dont Marx et Engels ont contribué au passage, à mon avis, d'un seuil de scientificité fondamental.


Je crois aussi avec Raymond Aron, dans les Etapes de la pensée sociologique que Tocqueville, adversaire à tuer par excellence surtout pendant la révolution de 1848 est en tant qu'intellectuel, un contributeur à la science de la Révolution Française et aux contradictions de classes et de fractions de classes qui ont rendu cette révolution effective si ce n'est nécessaire. C'est une toute autre affaire, celle du nécessaire en histoire: la prédiction nécessaire des évolutions de rapports de classes, ainsi que des classes elles-mêmes me paraît hors des préoccupations philosophiques d'aucun marxiste ; car, le concept même de probabilités et de possibilités est non seulement deuxième internationale mais encore plus troisième internationale. (Kautski autant que Lénine, si on préfère).

 

Althusser dit quelque part que le nominalisme, est faute de mieux dans l'histoire de la pensée philosophique ce qui tient-lieu de matérialisme; et donc je pense qu'en ce moment nous pouvons être nominaliste en matière d'appellation de notre parti, le nom de communiste fait la chose communiste, et laisser aux théoriciens et aux camarades adhérents et combattants le rôle de donner et une signification et une objectivité, voire une Pravda et non une Allétéia rendant la vérité quelque peu arienne, (nom d'une hérésie célèbre!!!). Bref, il est dans ce débat affaire de vérité et donc de ce qui préoccupe la philosophie et notamment sa part la plus propre qui s'appelle la philosophie première en cela qu'on doit ne pas se contenter du criticisme et des arguments transcendantaux ou critique logico-viennoise, celle de Bouveresse et des adeptes des impostures intellectuelles en matière de philosophie. On ne doit pas plus se résoudre à l'archéologie plutôt qu'à la dialectique stucturale. C'est pourquoi ton compte rendu de Pierre Raymond à lire ici me paraît essentiel y compris dans les réserves que tu fais, mais qui montre à notre spécialiste de la chose, Lucien Sève, ou à nos spécialistes, genre aussi Vincent Charbonnier à propos de Lukacs, qu'en matière de logique et de dialectique ou de philosophie des sciences, la pensée au contact de la philosophie institutionnelle lorsqu’elle est créatrice, est au contact aussi de l’histoire du vingtième siècle et du poids du communisme historique mondial : je pense à Canguilhem, Cavaillès ou Granger ou Foucault ou Bachelard des althussériens a, là aussi, été créatrice ou au moins productrice de problèmes et politiques et théoriques sur la dialectique, autant qu’en théorie de la société, si ce n’est quelques belles prises de positions y compris politiques sur la dictature du prolétariat, certes vue du cinquième arrondissement et de ses bibliothèques universitaires mais comme les adversaires aussi souvent ; aujourd’hui, au moins, il n’y a pas leçon de classe implicite à recevoir.


Mais, le passé et lourd passif étant même allusivement évoqué, j'en reviens aux problèmes de philosophie de l'histoire, ou de matérialisme historique, je préfére cette expression ; mais, elle appartient en grande partie au territoire de la première tant que n'est pas réglée la question du matérialisme et de la logique dialectique, donc du statut auquel notre discours peut se rattacher. Cette question est justement celle qu'Althusser a voulu rouvrir avant de l'abandonner sur l’auto-critique du théoricisme(1972) prenant suite à celle de l’historicisme et du pragmatisme de Gramsci (1965) ! et puis après sur le vide de sa forteresse et du matérialisme de la rencontre (1988), si quelque part il doit y avoir projection après introjection, c’est là lorsque seul, sans ses élèves les plus proches tous au service du pouvoir mittérandien, il a projeté son histoire ici très singulière...(Qu'on me permette ici cette pudeur de sainte nitouche plutôt que les saloperies brejneviennes pratiquées par certains...)

 

3) Ce que je crois pertinent dans le travail de Rancière autant que dans celui de Noiriel.


Pour le premier, il faut concéder ou plutôt accepter comme critiques parfaitement ajustée qu'il y a des jeux de langages y compris dans l'usage idéologique des partis, par exemple le soi-disant  « pour soi » définissant la classe ouvrière;  ce « pour soi » qui serait le vote pour le parti ou la réponse dans un sondage à une appartenance de classe par exemple chez Lojkine - dont, dans le parti, on nous rabat les oreilles de la perte ou de la disparition comme s'il avait existé et avait disparu en même temps que la splendeur passée (des courtisans?), les dirigeants professionnels en ont usé et abusé et donc en négatif en abusent encore ; sans, de plus, définir le « en soi » dont il ne convient pas de parler, ni non plus, de nous dire où Hegel parle du « pour soi » et à propos de quelles catégories logiques. Bref, une des grandes valeurs de ces travaux de spécialistes est de nous rappeler que les experts du parti et des partis ne sont plus toujours les meilleurs surtout quand ils travaillent dans la mauvaise foi du : « moi sociologue ou historien ou philosophe officiel jamais »; « il ne passera pas par moi, le virus; je suis bien placé pour être le mieux vacciné »... la force de nos adversaires est souvent notre ridicule.


Pour Rancière je trouve qu'on peut ne pas en dire plus si ce n'est le juste rappel un peu spontanéiste que la classe des travailleurs n'a pas attendu Marx et Engels pour se penser et s'exprimer. Car tu dis justement que cela fleure bon le n’importe quoi au nom d’un relativisme journalistique et universitaire bas de gamme. Mais, le matérialisme exige que les concepts de Marx aient pris leur source dans la société réelle et la classe réelle avant que le cerveau de Engels et Marx ait apporté leur contribution : donc pas de théorie appliquée, car d’où vient la théorie ? de la pratique, y compris des pratiques théoriques diverses et contradictoires de sociétés civiles capitalistes. De cela, je suis convaincu, et je pense que c'est ce que Marx dit et pensait et pratiquait dans ses luttes avec et contre Proudhon et ses amis ouvriers-artisans du livre ou dans ses échanges avec Sismondi ou Fourier ou les positivisites ou des économistes néo-ricardiens comme lui publiés justement par la collection « théorie » d'Althusser où Rancière jusqu'à la leçon d'Althusser ouvrage de 1973 dans lequel il s'en prend surtout au PCF et au PCMLF et à leur trahison, a publié aussi. Que les Cahiers pour l'Analyse ( revue des normaliens de la rue d'Ulm, élèves et disciples d'Althusser d'abord dans l'UEC, puis les groupes maoistes) aient dogmatisé l'idée d'une gouvernance des intellectuels pour dire l'objectivité de la théorie léniniste et sa domination externe sur le mouvement ouvrier n'empêche pas qu'en France au moins pour le PCF, les directions marxistes étaient souvent issues de la classe ouvrière de l'époque et en lutte syndicale réaliste et constante, et même que l’histoire du mouvement ouvrier est aussi celle des ouvriers et des chômeurs et que sociaux –démocrates ou socialistes ou communistes, paysans, ouvriers et employés trouvèrent des formes d’expressions personnelles dans les partis autant qu’en dehors des partis au moins, et donc que Rancière m’excuse mais aussi au PCF et même à l’Extrême Gauche ; il y a chez les ouvriers immigrés, migrants ou autochtones les ch’ti, les bougnats voire les bretons etc.. de belles trouvailles d’art et de propagandes et de théories de classe et cela dans un langage très souple et très inventif et pas seulement à l'heure de l’expression spontanée en 1830 ou 1845 chez les imprimeurs ou les cordonniers etc ; tout comme au moment du Proletcult soviétique. Ajoutons y une petit vacherie : y compris en matière de morale et de moeurs, ce qui de ce point de vue n'était pas toujours très drôle pour leurs enfants un peu déviants heu! Heu! Heu! Et très aimés par leur maman et donc très bons élèves heu heu heu! Et parfois un peu Grand Phi !!! Parfois Brejnev égale Brejnev et demi : la libération par coming out ou par acting out ? ? ? ? ? ? Tant qu’il n’y a pas viol répété et de plus prétentieux et en alliance avec les pouvoirs, ce n’est pas très grave ! ! !


4) Noiriel, historien de la classe ouvrière et de ses migrations et Foucault et la cloture-ouverture archéologique.


Je crois que pour Noiriel, le sérieux des engagements passés et peut-être actuels, le sérieux du travail théorique sur l’évolution de l’historiographie notamment depuis qu’existe cette école des Annales avec laquelle dès les années soixante les philosophes marxistes ont entamé le débat et dont Pierre Raymond encore a essayé de pousuivre les interventions dans La Résistible fatalité de l’histoire en 1979 mérite au sein du débat entre matérialiste historique ou théoricien de l’histoire un traitement de choix.


Pour résumer j'interpellerais volontiers Noiriel, en ces termes un peu directs: ne te contente pas d’être un intellectuel spécifique : il y a encore de nouveaux Longwy, de nouvelles autonomies ouvières à conquérir même à la CGT ou au PCF, soit un camarade à part entière car tu as déjà puissamment contribué à la mise en valeur de l’histoire glorieuse des luttes ouvrières - certes tu n’aimes plus les partis notamment le PCF et les organisations gauchistes, mais le Collège International de Philosophie ou l’Université c’est je te l’assure tout aussi global et spécifique qu’un parti !


Ces interpellations résumeraient assez ma position de manière ironique.


Pour le reste, j’en reviens au sérieux du travail, en matière de matérialisme historique, car le travail de classification des dernières positions dans l'historiographie et dans le rapport à l'histoire réelle du siècle est de très bonne qualité dans Gérard Noiriel, La Crise de l'Histoire (1996) et cela donne de la valeur au travail de l'historien du social et du sociétal, en lui donnant un dimension de propos complet quoiqu'ouvert. Reste que les questions de la philosophie et de l'épistémologie moderne demeurent et me paraissent reconduire au matérialisme historique.

Qui parle lorsque parle l’historien ? Qui parle lorsque parle, en scientifique, l’historien ? Un historien de l’histoire des théorisations de l’histoire ou un théoricien marxiste synchronique ? Eternel ? comme le parti et la théorie  Marx-Lénine? Un philosophe de l’histoire? ou un Archéologue ou généalogue comme Foucault, comme  Noiriel s'en revendique? Ces questions sont justes, son travail de classification des moments et des modes théoriques en histoire me paraît interne au matérialisme historique, sauf que là aussi il oublie de pousser jusqu’au concept? et à la question spéculative ou selon un autre concept, repris à Russell, mis en avant pour dépasser les problèmes de mise en abîme du criticisme dans l'idéalisme allemand, par Isabelle Thomas-Fogiel: l’autoréférence.  L'autoréférence des concepts marxistes et ouvriers ou économistes et sociaux fait-elle peur ?


Même le travail d’historien risque de s’en trouver très réduit. Si nous nous coupons la tête théorique et matérialiste, nous serons auto-limité. Tel est ce qui, je crois, sépare le matérialiste et intellectuel organique et néanmoins professionnel conséquent, du travail nécessaire mais pas suffisant de classification et de réflexion sur les archives et donc d'archivage de plusieurs ordres et rangs fait par Noiriel. Bref, être un bon professionnel ne dispense pas d'être aussi un être social et politique; ne pas vouloir guider la classe ouvrière ne dispense pas de prendre une orientation idéologique globale si ce n'est totalisante, surtout lorsqu'elle a fait ses preuves de paradigme et de moteur de recherches puissant.

 

Fondamentalement donc c'est l'usage de l'archéologie foucaldienne et donc du généalogisme en lieu et place d'un théorie disons sans peur métaphysique et structurallo-dialectique (ou métahistorique) qui est ici en cause. L'archéologie de Michel Foucault part d'un emprunt au concept d'idéologie en ce sens que ce concept marxiste renvoie la pensée d'abord à son historicité et à ses relations extérieures et systémiques au politique au social et à l'économique ou encore à la nécessité de Surveiller et Punir, les prisons ou à la nécessité d'enfermer les fous dans les administrations modernes, dans l'Histoire de la Folie, voir de la pratique hygièniste dans La Naissance de la Clinique; enfin Foucault renvoie à la performance linguistique en matière de sexualité, donc le genre et l'acte de jeux langagiers de rôles, plutôt que la nature ou le sexe physiologique, sans se prononcer sur la morale ou sur les valeurs en question. Il y a dans l'idée d'archéologie une tentative de refuser les inter-actions avec les finalités de valeur dans l'analyse des faits historiques en prenant modèle en un sens sur les sciences architectoniques et objectives les fouilles et les archives; mais en y ajoutant dans l'Archéologie du Savoir ( livre  de Foucault datant d'environ 1965, et faisant suite au fameux les Mots et les Choses (livre sur l'invention des sciences humaines et affirmant « la mort de l'homme » mot d'ordre de l'anti-humanisme), une nécessité de classer et nommer les archives et les archivages sans entrer trop vite dans des possibilités systémiques qui se verraient réfutées à la première occasion; bref le refus de la finalité est, en même temps, le refus de la prise de risque en matière de scientificité et donc s'en tenir à une objectivité encore moins ambitieuse que celle des positivistes. On peut noter des régularités et des couples de variations relativement à des invariants, sans jamais aller jusqu'à l'idée de lois de l'histoire et donc cela exclut la référence à la dernière instance à savoir, toujours le fameux « économisme » le privilège de l'économie et de l'histoire sociale. On se refuse aussi à toute conception des relations entre infra et super structure; toute thèse de totalisation; le jeu des archives est toujours ouvert et, en suspens, sur une continuation possible.


5) Avec et contre Noiriel: défense du programme de recherche matérialiste historique scientifique.

C'est pourquoi Noiriel est bien dans cette lignée non seulement dans la limitation à la fonction d'intellectuel spécifique, mais aussi dans le reflux de l'histoire sociale et la non prise en compte des historiens marxistes et communistes de qualité comme Pierre Vilar ou Germaine Willard, Albert Soboul, mais aussi dès le début du siècle Mathiez ou Lefèbvre, voire les très bons travaux des soviétiques, y compris, en matière d'histoire du moyen-âge français et je pense que les Chinois et les Vietnamiens etc.. ont des chercheurs marxistes qui ne sont pas que des futurs collaborateurs des universités européennes, ou nord américaine. Je crois, d'ores et déjà, que la matérialisme historique au contraire a été un très riche programmme de travail sur l'étude des classes dominées , sur la vie quotidienne et sa relation à la moyenne durée ou au mode de production, par opposition, au seul rythme des successions de gouvernements ou des lois ou des élections: ce qu'on appelait l'histoire politique, voire événementielle; il a apporté une attention d'importance si ce n'est de détermination causale ou de nécessité aux faits économiques, au moins de faire de l'économie politique une déterminité du discours historique, non seulement cela mais de concevoir l'économie comme un tout, fait de rapports contradictoires et/ou antagoniques et de couches structurelles, donc de son inter-action avec la question sociale et la sociologie; last but not last et cela est reconnu de tous les historiens de la technique et de la science
le capital lui-même comme les théorie sur la plus-value ( livre 4 ou préparatoire du capital fait de brouillons) sont une mine de travail sur l'histoire des techniques et sur l'historie de l'hygiène dans les usines en rapport au travail des inspecteurs des fabriques; et Marx n'oublie jamais dans son concept de force productive le rapport à la subjectivité des aspects qualitatifs du travail et de son évolution; mais il le fait en le tenant dans le rapport à la notion déterminante de survaleur relative, comme pour la coopération qui est non seulement une tactique ouvrière mais un accroissement de l'exploitation de la force de travail;

Les sciences sont présentes à la fois dans leur autonomie et dans leur rapport à l'évolution du mode de production capitaliste dans la question du travailleur collectif et de la place du travail intellectuel d'ingénieurie, tout comme sciences administratives de l'Etat Moderne et accroisssement du contrôle social; les questions de l'épuisement de la nature et de la démographie, par l'exploitation du sol dans la théorie de la rente foncière et de la colonisation, tout comme les réponses et critiques de Malthus aussi ne sont pas unilatéralement laissées de côté au nom d'un productivisme -et les pays socialistes comme les économies post-seconde guerre mondiale ne furent pas plus productivistes que consumméristes ou individualistes par rapports au 19° siècle- au contraire l'intégration de critères de qualités et de théorie des risques ou des calculs de probabilités ont conduit à très vite intégrer des critères de précaution et de prudence politique et démocratique, avant même que soient exprimées de telles préoccupations dans des lois ou des constitutions.


   La place faite à la pensée entrepreunariale dans le foucaldisme, le sien au stade terminale de son oeuvre ou celui des ses légataires, de Noiriel à Ewald est de ce point de vue étonnant, car il n'apporte rien par rapport à la question de l'objectivité que d'une prudence interprétative et un retour aux très vagues travaux néo-kantiens de Raymond Aron sur l'impossibilité d'échapper à la causalité ou à la finalité en terme de valeur et la nécessité de contrôler l'ensemble par des statistiques, et le refus de s'enfermer dans l'explication déterministe du devenir humain. Quoi de plus dans la notion de l'intellectuel spécifique que les textes de Max Weber, relevés par Bourdieu, sur le Savant et le Politique? Je crois au fond pas grand chose.


   D'ailleurs, il s'est produit un curieux retournement sur ce terrain de la théorie de l'histoire autour des années 1977 à 1980, car Canguilhem reconnaît l'apport de Foucault et Althusser au travail de l'histoire des sciences dans son ouvrage Idéologie et rationalité dans les sciences de la vie et cite Lecourt pour le programme de recherche expression empruntée à Lakatos et destinée à échapper au relativisme du concept de paradigme chez Kuhn et Feyerabend, riche  en perspectives, mais encore inaperçus dans ses résultats touchables, dit-il en théorie de l'histoire articulée à la théorie de l'histoire des sciences et réciproquement que serait un matérialisme historique d'une nouvelle ampleur; et cela même au moment ou plus personne ne travaillera avec cette ambition théorique. Seuls quelques chercheurs isolés et souvent droitiers continuèrent sur la question de la technique ou de la dimension subjective du travail en matière d'ergonomie ce déploiement du marxisme, il s'agit des travaux concurrents de Y. Schwarz ou de Y. Clot, souvent sur commande syndicale ou ministérielle. A croire que la révolution mittérando-tatchérienne a tué l'ambition de la petite-bourgeoisie intellectuelle en même temps qu'elle leur a donné un rôle éthique de consultant!

 

 

 

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G
La vérité d'un théoricien n'est pas forcément celle de son itinéraire politique. Les historiens pratiquent une science "lourde" en terme d'investissement, et leur recherche nepeut se développer qu'au rythme de leur carrière. Il est donc normal qu'une histoire marxiste (Past and Present en Angleterre, ou paramarxiste , les Annales en France) ne puisse s'épanouir qu'à une époque dont l'Union Soviétique est objectivement au centre. Aujourd'hui l'histoire marxiste peut devenir l'histoire d'une hérésie vaincue et s'enfoncer dans l'oubli, et ce sera immanquablement le cas sans révolution. C'est l'un des enjeux de la luttre contre la liquidation de PCF. Mais il manque pour le moment les révolutions pour la prouver.
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B
Deux mots pour pousuivre sur la position "épistémologique" de Noiriel et son positionnement par rapport aux recherches matérialistes historiques scientifiques.Loin de ses thèses critiques développées dans "la Crise de l'histoire", son dernier petit livre théorique (Introduction à la socio-histoire, La Découverte, 2006) livre une conception encore plus en retrait sur la recherche historique.Sur un peu plus d'une centaine de pages, seule une demie page est consacrée à une soi-disant méthode marxiste. L'auteur profite de ces quelques lignes pour la liquider d'un revers de main en rappelant les critiques qui avaient été faites à l'histoire quantitative des années 1960 à 1980. Ce tour est rendu possible par une quasi-assimilation de cette mode de l'histoire sociale avec l'histoire marxiste (et même l'histoire structuraliste !).En revanche, Gabriel Tarde - dont l'apport théorique est moins évident... - a droit à plusieurs pages.En fin de compte, Noiriel se réfère le plus souvent à Norbert Elias afin de trouver un nouveau fondemant à sa socio-histoire, censée prendre la place d'une histoire sociale et économique en état de mort clinique. Dès lors, la société doit être vue comme un espace immense de jeu interactif entre individus qui se manifestent aux autres par leur action et le sens qu'ils lui donnent. Dans certains passages, on en arrive au point où le conflit entre groupes sociaux ne peut être compris que dans le conflit (interpersonnel) entre les représentants de ces groupes. Idem pour le conflit entre nations !Pour finir, les quelques pistes de recherche qui sont proposées tournent autour de deux thèmes principaux : l'action à distance (de l'Etat vis-à-vis des groupes sociaux) et la construction des catégories sociales (... par l'Etat moderne dans son dialogue avec la société civile).Qui a parlé d'ambition intellectuelle ?
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